À quand une loi pour encadrer l’analyse vidéo ?

À deux ans des Jeux olympiques et paralympiques, la vidéo intelligente est une aide précieuse pour assister nos forces de sécurité vers plus d’efficience. Cependant, elle doit être encadrée.

Cette chronique partenaire est proposée par .William Eldin, CEO et co-fondateur de XXII.

Les caméras dites « augmentées » ou « intelligentes » (vision par ordinateur) ont récemment animé le débat médiatique et politique. Suite aux événements du Stade de France en mai 2022, la commission des lois du Sénat présentait les conclusions d’un rapport sur l’utilisation de la reconnaissance biométrique dans l’espace public et insistait sur l’urgence d’encadrer cette « technologie très spécifique ».

En juillet dernier, la CNIL a publié sa position sur les conditions de déploiement des caméras dites « intelligentes » dans les espaces publics.

Cette analyse est le résultat d’un processus ayant permis de consulter l’ensemble des parties prenantes (associations, chercheurs, utilisateurs publics et privés, entreprises, etc.) permettant de comprendre l’état de l’art de la technologie, ses ambitions, ses apports opérationnels et ses contours juridiques, réglementaires et éthiques.

Nous applaudissons l’ouverture de ce débat et l’intérêt porté à cette technologie dont le potentiel va au-delà de l’aspect sécuritaire pour apporter une réponse concrète à des enjeux majeurs de notre société, tel que l’environnement.

Toutefois il est désormais temps d’aller plus loin et plus vite, avec une loi sur la vidéo intelligente permettant à nos entreprises de développer des solutions industrielles, souveraines, utiles à la vie, respectant les libertés individuelles et publiques.

Une vision au-delà de la sécurité

70% de l’information que vous captez au quotidien passe par vos yeux. Pour autant, votre vision ne vous sert pas uniquement pour votre survie et votre sécurité mais à accomplir des tâches bien plus diverses.

L’ambition de la vision par ordinateur, grâce à l’intelligence artificielle, est de permettre – non pas de remplacer l’humain – de faire face à l’augmentation exponentielle de l’information et au risque de surcharge mentale.

Désormais mature et opérationnelle, elle peut effectivement accompagner les forces de l’ordre pour détecter des agressions ou des incivilités.

Elle peut également répondre à d’autres problématiques comme détecter les dépôts sauvages et poubelles qui débordent pour optimiser le ramassage des ordures, analyser les flux de véhicules et réguler le trafic pour réduire les émissions de pollution, aider au pilotage de l’éclairage nocturne dans les villes et réduire la facture énergétique ou encore détecter des départs de feu, des noyades sur les plages et dans les piscines et ainsi sauver nos vies.

Ne voyons pas uniquement les effets néfastes de la vidéo intelligente, mais également les côtés vertueux et bénéfiques pour nos vies au quotidien.

Éthique, confiance et explicabilité

Doté d’un comité éthique composé de collaborateurs et d’experts indépendants depuis deux ans, nous sommes convaincus qu’il est possible de construire et de déployer une IA Ethics by design.

Il est important de rappeler que l’intelligence artificielle est un outil d’aide à la décision qui doit laisser la pleine liberté à l’homme de contrôler, confirmer et/ou infirmer une information.

Elle a pour objectif d’exécuter des tâches et ne permet pas de « présumer la commission d’infraction ».

Nous trouvons dommage d’associer systématiquement les notions de « notation sociale » ou « surveillance généralisée » avec la vision par ordinateur. Aucune entreprise responsable ne souhaite contribuer à un modèle de société où l’IA serait décisionnaire !

L’utilisation d’une intelligence artificielle appelle à la confiance dans les algorithmes et dans les entreprises qui les développent et les mettent en œuvre.

C’est dans ce cadre qu’un trilogue entre autorité indépendante (Cnil), autorités institutionnelles (gouvernement, parlement) et entreprises d’IA responsables doit être institué et pérennisé pour faire de la France un exemple d’intelligence collective en Europe.

C’est également en offrant un cadre que les startups françaises spécialisées en IA pourront enfin rayonner et rejoindre le rang des licornes.

Et à la veille des JOP 2024 où l’IA sera omniprésente, le domaine de l’analyse vidéo doit bénéficier d’un cadre réglementaire clair permettant à l’ensemble des parties prenantes de travailler ensemble, le plus tôt possible, dans un objectif commun.

Une loi sur l’IA, co-construite avec tous les acteurs, pragmatique pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de demain et garante des libertés sera un atout pour notre souveraineté et notre rayonnement international.

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