L’association Paris Place de Droit formule 15 propositions, dans un livre blanc, afin d’améliorer les relations entre les citoyens et la justice commerciale.

Parent pauvre de la justice, la justice commerciale représente pourtant, chaque année, près de 60 000 décisions de contentieux et plus de 50 000 décisions traitant des entreprises en difficultés. Cette justice du quotidien n’a pas toujours une bonne image notamment à cause du bénévolat de ses juges, tous commerçants ou chefs d'entreprises.

L’association Paris Place de Droit émet 15 propositions afin de renforcer cette justice de proximité, dans le livre blanc « Numériser la justice commerciale française : l’outil et l’esprit », publié fin mai. Parmi ces propositions, deux tendent à améliorer la relation avec les justiciables grâce au numérique.

Une meilleure présentation des tribunaux

Les juges consulaires étant issus du monde de l’entreprise, leurs relations avec les parties soulèvent souvent un certain degré de suspicion. Une plus grande information expliquant le fonctionnement du tribunal et l'identité de ses membres sur le site internet de chaque juridiction pourrait permettre de recréer un peu plus de confiance, selon Paris Place de Droit.

« En vue d’éclairer le justiciable sur le champ de ses possibilités contentieuses et de favoriser le règlement négocié des litiges, il serait également souhaitable de proposer au public des documents d’orientation (« guidelines ») ainsi qu’un outil gratuit de simulation en vue de mieux évaluer les voies, délais et coûts associés aux différentes alternatives de règlement des conflits en fonction des caractéristiques précises du différend », ajoutent Bruno Deffains, professeur à l’université Paris Panthéon Assas, avocat of counsel du cabinet De Gaulle Fleurance & Associés, Denis Musson, Président d’honneur du Cercle Montesquieu, Charlie Noujarret, doctorant en sciences économiques à l’université Paris Panthéon Assas et Julie Serrier avocate du cabinet Avanty Avocats, auteurs du livre blanc.

Bon à savoir : La justice commerciale est rendue par 3200 juges consulaires bénévoles répartis dans 134 tribunaux de commerce.

Le tant attendu open data des décisions de justice

Accélérer la mise à disposition de toutes les décisions des tribunaux de commerce au grand public, serait aussi un moyen d’assurer une plus grande transparence. Le chantier est vaste et le budget alloué déficient. L’Union Européenne tout comme la Cour des comptes dénoncent régulièrement le développement numérique insuffisant de la justice. La France est placée en 21e position sur les 27 États membres sur le critère des « règles de procédure permettant le numérique dans les juridictions civiles/commerciales, administratives et pénales ».

Les tribunaux de commerce font partis des mauvais élèves. C’est donc sans grande surprise que l’association Paris Place de droit, dont l’objet est d’œuvre au rayonnement de la justice commerciale française hors de ses frontières, sollicitent la mise en œuvre de partenariats entre les tribunaux de commerce et des plateformes spécialisées comme Jus Mundi, Predictice ou Doctrine, pour diffuser l’information juridique.

Problème : ces services sont payants. Il faudra attendra décembre 2024 pour que tous les citoyens aient accès gratuitement à toutes les décisions des tribunaux de commerce.

À retenir : Selon l'arrêté du 28 avril 2021, la consultation des décisions de justice en ligne sera possible progressivement d’ici décembre 2025. La principale difficulté technique réside dans le fait que les noms de toutes les personnes concernées par la décision doivent être anonymisés avant publication.

 

Les 15 propositions de l'association Paris Place de Droit :

1 : Généraliser la signature électronique ;

2 : Une plateformisation intégrale du processus de gestion de la procédure auprès du tribunal ;

3 : Intégrer les communications d'avocats au sein du tribunal digital ;

4 : Faciliter la mise en place d'audiences à distance ;

5 : Autoriser l'usage de moyens de présentation numériques ;

6 : Faciliter l'archivage de l'audience ;

7 : Publier et faciliter l'accès aux décisions de justice ;

8 : Mettre à disposition du justiciable une information de qualité ;

9 : Créer un outil de communication efficace à destination des justiciables étrangers ;

10 : Traduire les outils et contenus dans la langue des justiciables étrangers ;

11 : Mener un campagne de marketing internationale centrée sur l'efficience issue de la numérisation des juridictions commerciales parisiennes ;

12 : Accroître la connaissance des praticiens et justiciables en matière d'outils numériques ;

13 : Disposer de démonstrateurs technologiques et managériaux ;

14 : Créer les conditions d'une plus grande centralisation et coordination collective au sein de la place juridique parisienne ;

15 : Soumettre les intérêts individuels à l'intérêt général.

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