Trois d’artistes américains ont porté plainte contre les intelligences artificielles génératrices d’images, Midjourney, Stability AI et DeviantArt, pour pratiques anticoncurrentielles et violation du droit d’auteur.

Kelly McKernan, connue pour ses illustrations futuristes et psychédéliques, l’illustratrice réaliste Karla Ortiz et l’autrice de bande-dessinée Sarah Andersen ont déposé plainte, aux Etats-Unis, contre des intelligences artificielles génératrices d’images.

Ces logiciels développés par Stability AI, DeviantArt et Midjourney sont accusés de violer les droits d’auteur de milliers d’artistes en exploitant leur travail pour leur apprentissage automatique.

Premier recours collectif contre l’intelligence artificielle, les arguments avancés par les artistes ne se situent pas, pourtant, sur le terrain technologique.

Le rôle des artistes en question

Stability AI, Deviant Art et Midjourney génèrent une image à partir d'une phrase écrite par un internaute dans laquelle il décrit l'œuvre tel qu'il l'imagine. Cette technologie est appelée le prompt’art. Pour répondre à la demande de l’utilisateur, l’intelligence se nourrie de millions d’œuvres et d’images.

Et c’est justement ce que leur reproche ce trio de créatrices dans une plainte déposée le 23 janvier. Ces outils contiendraient des copies non autorisées de millions, voire de milliards, d’images protégées par le droit d’auteur.

Face à ce risque le patron de la banque d’images et agence de photographie Getty Images, Craig Peters, le 20 septembre 2022, avait interdit sur son site le téléchargement et la vente d’illustrations générées par une intelligence artificielle.

Devant la Haute Cour de Londres, il poursuit, cette fois-ci, Stability AI pour avoir utilisé ses clichés afin d’entraîner son algorithme de génération d’images. Le logiciel aurait « retraité des millions d’images protégés par un droit de reproduction », accuse Getty Images dans une déclaration officielle, le 27 janvier.

L’enjeu de ces deux affaires est le même : démontrer que sans œuvres réalisées par des humains le prompt’art n’existerait pas.  Les artistes veulent être rétribués pour avoir entrainés, indirectement, ces logiciels d’intelligence artificielle.

La concurrence déloyale de l’intelligence artificielle

Conscients de la difficulté de faire reconnaître un droit d’auteur sur une œuvre générée par une intelligence artificielle, les avocats des artistes américains ont préféré placer le débat sur le terrain de la concurrence.

Même si elles ne ressemblent pas toujours aux œuvres d’origine, ces images générées par ces intelligences artificielles donneraient aux entreprises éditrices un avantage concurrentiel important.

Dans leur plainte, les artistes insistent. Avec ce recours collectif, elles veulent « mettre fin à cette violation flagrante et énorme des droits [des artistes], et ce avant que la profession dans son ensemble ne soit éliminée par un programme informatique entièrement alimenté par leur travail acharné ».

De simples représentations mathématiques

Les entreprises visées expliquent, de leur côté, que les modèles artistiques d’intelligence artificielle ne stockent pas d’images d’œuvres existantes. Ils engrangeraient uniquement des représentations mathématiques de modèles collectés à partir de ces images.

Les logiciels n’assembleraient pas non plus des morceaux d’images sous forme de collage, mais créeraient des images de toutes pièces basées sur ces représentations mathématiques.

Les créateurs américains de ces intelligences artificielles affirment aussi que l'utilisation de matériel sous copyright serait couverte par la doctrine du « fair use ». Celle-ci permet de réduire ponctuellement les droits d’auteur pour l’intérêt du public.

 

À lire aussi : Quels droits d'auteur pour les œuvres créées par une intelligence artificielle ? 

Articles sur le même thème

La suite de cet article est réservée aux abonnés et en achat à la carte.

Déjà abonné ? Se connecter

Abonnement annuel (100,00 )

S’abonner

Abonnement mensuel (9,99 )

S’abonner

Article à l’unité (3,00 )

Acheter